Histoire

FRANCOLONIE EN PAYS DIDA, JANVIER 1911 – AVRIL 1913

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Parcouru depuis longtemps par des administrateurs, le pays Dida était relativement bien connu pour avoir même fait l’objet d’un recensement. Il se mettait en dissidence dès octobre 1909 à la suite de l’insurrection Gbambam et des Yobéri. Cette révolte qui mettait ainsi fin à la pénétration pacifique de la région, fut l’objet d’une sévère répression opérée par la 5ème compagnie de tirailleurs sénégalais venus en renfort et dirigée par Richard. En janvier 1910, il châtiait les résistants sans pour autant parvenir à soumettre le pays. Ecourtée en raison des soulèvements qui se produisaient alors en d’autres points de la colonie, l’opération n’eut donc pas de “résultats immédiats appréciables”.

 

La pacification définitive du pays ne fut entreprise qu’en janvier 1911 et celle de Zikisso en décembre de la même année. Temporairement détaché du cercle de Lahou, le pays Dida fut constitué en petit secteur militaire dépendant directement du lieutenant-gouverneur de la colonie. Ce dernier y inaugurait une politique de rapprochement avec les populations locales. Nouvelle dans la région, elle consistait à favoriser les “mariages des tirailleurs avec les femmes du pays”. Il devait en résulter des “rapports suivis, très profitables à l’œuvre de pacification”

 

Cette attitude de l’Administration n’ayant pas donné les résultats escomptés, la manière forte retrouvaient ses droits presque aussitôt et avec elle, les reconnaissances et les tournées de police. La forêt du secteur minutieusement ratissée était parcourue en tous sens par des détachements qui détruisaient systématiquement les villages, brûlaient les campements de fortune hâtivement construits par les indigènes, les contraignants ainsi à une errance continuelle jusqu’à ce que, las de vivre de la sorte et exténués, ils fassent leur soumission. Mettant alors à profit l’effet de terreur provoqué par la répression le commandant du secteur faisait parcourir les régions soumises pour procéder à la reddition de tous les fusils et activer la rentrée de l’impôt sans se préoccuper des facultés contributives et du sort des populations.

 

En 1912 le pays Dida payait plus de 83 000 francs d’impôt provenant presque entièrement « du bétail, des vivres divers, des pagnes trouvés dans les villages ou les campements par les patrouilles de tirailleurs et cédés aux troupes pour leur ravitaillement ou vendus aux enchères aux postes de Lakota ou de Zikisso, pour des sommes parfois dérisoires ». Il résultait de cette véritable razzia que «  dans cette région où il avait été compté en 1908 et 1909 plusieurs milliers de têtes de bovidés, il était impossible de trouver un seul de ces animaux. Les indigènes se nourrissaient de racines ou de quelques bananes retrouvées dans d’anciennes plantations. Vivant sans abri, à la pluie, les enfants mourraient en grand nombre et les adultes offraient le plus misérable aspect de misère physiologique ».

 

Aussi, au moment du passage du secteur militaire Dida à l’autorité civile, au début de 1913, avait-on affaire à « une population appauvrie par deux ans d’occupation militaire, affamée et réduite à la misère physiologique, complètement dispersée, sans village, en un mot insaisissable et toujours hostile ».

 

Aux Origines De La Nation Ivoirienne 1893-1946 : Volume I – Conquêtes coloniales et aménagements territoriaux 1893-1920
Auteur : René-Pierre Anouma

 

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